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NFT : artiste provocateur, Damien Hirst va brûler plusieurs milliers de ses peintures

Près de 5000 oeuvres de Damien Hirst vont partir en fumée. Transformées en NFTs, elles sont en effet condamnées au bûcher par l’artiste lui-même. Un feu de joie aura lieu en septembre à Londres pour supprimer définitivement les versions matérielles des peintures.

Dans le cadre de son premier projet NFT, « The Currency », lancé en 2021, l’artiste britannique Damien Hirst a vendus 10 000 toiles abstraites en imposant un dilemme aux acquéreurs : choisir de les garder soit physiquement, soit virtuellement. 4 851 acheteurs ont finalement opté pour la version NFT au détriment de sa réplique physique. Ces dernières seront donc immolées par le feu le 9 septembre à la Newport Street Gallery de Londres, dans le cadre d’une exposition. Un autodafé sensationnel pour un artiste qui n’en n’est pas à sa première provocation.

Un choix cornélien

En 2016, Damien Hirst a réalisé un ensemble de peintures abstraites sur papier, résultant d’une infinie variation de points de couleurs appliqués. Elle s’inscrivent ainsi dans sa série des Spot Paintings initiée en 1986. Chaque peinture est numérotée et porte un titre unique généré automatiquement à partir des paroles des chansons préférées de l’artiste. Chacune des oeuvres est authentifiée par différents éléments, parmi lesquels la signature de l’artiste, au revers, ou encore un portrait en hologramme de ce dernier.

Cette collection, intitulée The Currency, comporte 10 000 peintures tangible, toutes reliées à un NFT, un fichier numérique tenant lieu de certificat d’authenticité qui comprend les versions numérisées du recto et du verso de chaque œuvre. Leur vente a été organisée du 14 au 21 juillet 2021 sur la plateforme Heni, à raison de £2 000 par NFT. Sa spécificité résidait dans le choix (cornélien) qui était imposé aux acheteurs : conserver l’œuvre physique ou bien lui préférer son équivalent dématérialisé. Les quelque 5 000 acquéreurs ont eu un an, soit jusqu’au 27 juillet 2022, pour se décider. Dans un tweet publié sur son compte officiel, Damien Hirst a dévoilé ce jour-là la répartition définitive : « L’année est révolue boum ! C’est passé vite ! Et nous avons tous dû décider : NFT ou physique ? Les chiffres définitifs sont : 5 149 physiques et 4 851 NFTs. »

 

Monétisation de l’art

La destruction des 4 851 peintures aura lieu le 9 septembre, dans le cadre de l’exposition « The Currency », à la Newport Street Gallery de Londres. Les oeuvres seront brûlées par l’artiste chaque jour, à une heure précise, jusqu’au mois d’octobre. Les pièces restantes seront détruites durant la Frieze Week qui marquera la fin de l’exposition.
Outre la dimension médiatique de l’événement, le projet de Damien Hirst résulte d’une réflexion sur la monétisation de l’art et, son corollaire, la désacralisation de l’œuvre. Il met en effet en avant l’idée selon laquelle une œuvre est une marchandise comme une autre. Selon lui, The Currency « parle avant tout de l’art et des gens, mais il interroge plus généralement les notions de croyance et de valeur, en particulier la valeur en art. Il joue aussi avec l’idée que l’art peut être envisagé comme une monnaie et un investissement ».

Un artiste sulfureux

Damien Hirst, ancien étudiant des Beaux-Arts du Goldsmiths College, s’est fait connaître dès les années 1990 avec ses cadavres d’animaux découpés (vaches, requins, cochons, etc.) et conservés dans du formol, à l’image de Mother and Child Divided (Mère et enfant, séparés, 1993). Lauréat du prestigieux Turner Prize en 1995, il a été définitivement propulsé au rang des artistes contemporains bankables en 2007 avec sa sculpture For the Love of God, une réplique de crâne humain incrustée de plus de 8 000 diamants, et une rétrospective lui a été dédiée en 2012 à la Tate Modern de Londres. Il a présenté en 2021 sa nouvelle série des Cerisiers en fleurs, Cherry Blossoms, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris.

Connaissance des Arts

Anne-Sophie Lesage-Münch