Up Magazine Alexandre Aget
TerraPower, soutenue par le fondateur de Microsoft, Bill Gates, choisit le Wyoming pour le premier réacteur nucléaire avancé. La centrale serait construite à proximité d’une centrale au charbon en cours de fermeture et constituerait l’une des premières démonstrations à grande échelle d’un réacteur refroidi au sodium.
TerraPower, une société expérimentale d’énergie nucléaire soutenue par Bill Gates, pourrait ouvrir son premier site dès 2028 dans la ville minière de Kemmerer, dans le Wyoming. Ajoutant une touche de symbolisme à l’idée d’en finir avec l’ancien monde et d’entrer dans le nouveau, la société indique que sa centrale serait construite près des locaux d’une paire de centrales à charbon dont la mise à la retraite est prévue d’ici 2025.
Le nouveau réacteur « Natrium » devrait être doté d’un réacteur rapide de 345 mégawatts refroidi au sodium et d’une technologie de stockage permettant d’augmenter temporairement la production à 500 mégawatts de puissance en cas de besoin. Cela signifie que le réacteur peut produire suffisamment d’énergie pour 400 000 foyers, a indiqué la société dans son blog. Les réacteurs alimentés au sodium peuvent brûler l’uranium et le plutonium usés, ce qui permet de minimiser les déchets et de réduire la nécessité d’un stockage dangereux.
La centrale est conçue pour être refroidie par air, ce qui, comme l’a expliqué Chris Levesque, PDG de TerraPower, au Guardian, réduira les risques de fusion et permettra un arrêt d’urgence rapide. L’approche au sodium présente toutefois aussi des inconvénients potentiels : La capacité du sodium à conserver sa forme liquide à haute température plutôt que de se transformer en gaz signifie qu’il peut brûler au contact de l’air et potentiellement exploser lorsqu’il est immergé dans l’eau, note Scientific American.
Une somme considérable
Bien que M. Gates ait investi une quantité importante de ressources dans TerraPower depuis qu’il l’a cofondée en 2006, environ la moitié du projet Natrium dans le Wyoming sera essentiellement subventionnée par les contribuables américains. Selon le site Earther, la société recevra 1,9 milliard de dollars du gouvernement, dont 1,5 milliard proviendra des fonds consacrés aux réacteurs nucléaires avancés dans le récent projet de loi bipartisan sur les infrastructures. Le coût total de la centrale devrait s’élever à environ 4 milliards de dollars. TerraPower est également l’une des deux entreprises américaines qui ont reçu 160 millions de dollars du ministère de l’énergie l’année dernière pour développer les nouveaux réacteurs.
Le coût de la construction du réacteur Natrium représente une somme considérable, mais il est bien inférieur à celui de la centrale Vogtle, la seule centrale nucléaire actuellement en construction aux États-Unis, dont la construction pourrait coûter 28,5 milliards de dollars. Elle s’appuie sur la technologie nucléaire traditionnelle, mais a également connu des dépassements de coûts et des retards.