Entreprises zombies et effet ciseau
ROCHE GRUP By David ROCHE
Avant d’aborder dans cet article plus en détail les risques liés aux entreprises zombies, il faut comprendre ce que l’on entend par entreprises zombies.
L’OCDE qualifie ces entreprises suivant leurs conditions de survie, à savoir qu’elles ne vivraient plus et qu’elles auraient fait faillite si les taux d’intérêt étaient normaux. Le nombre d’entreprises qui survivent et qui ne participent pas à la destruction-créatrice de l’économie est de plus en plus important, dans le monde.
Les disruptions technologiques et l’accélération de ces nouvelles technologies, ont tendance à créer un accroissement des gains de productivité. Seulement pour une infime partie des entreprises. Tandis que la productivité semble parfois baisser pour d’autres. Les gains économiques et de productivités se retrouvent concentrés auprès des meilleures entreprises innovantes. A côté de ces entreprises du 21ème siècle , il y a une liste grandissante d’entreprises « zombies », dont la productivité baisse inexorablement, mais qui ne font pas faillite alors qu’elles ne peuvent ou ne savent plus s’adapter à leur écosystème pour retrouver un nouveau souffle.
On constate que ces entreprises utilisent des prix plus bas en regard de leurs concurrents et empêchent de ce fait de nouveaux challengers d’entrer sur les marchés. Elles auraient dû logiquement disparaître mais elles survivent et contrarient le développement d’une saine concurrence. Ce phénomène est mondial et il n’est pas non plus sectoriel.
Comment expliquer cette émergence de zombies ? Peut-être se retrouve-t-on juste dans une situation de concurrence très forte entre ces zombies et des entreprises réellement saines. La crise financière des subprimes de 2008 et la baisse des taux d’intérêt qui y est associée, a poussé les marchés à maintenir à flot des entreprises qui ont juste le mérite d’exister, et finalement dont l’avenir est incertain. Cette faiblesse des taux d’intérêt a favorisé l’endettement de ces entreprises et le maintien de beaucoup d’entre elles en lévitation. « Le problème des entreprises zombies est exacerbé par la faiblesse des taux d’intérêt. A cause de celle-ci, des entreprises parviennent à ne pas tomber en faillite, au travers de la compression des frais financiers. Dès lors, elles continuent d’exister, mais sans investir sur le futur, simplement en gérant le quotidien.
La zombification des économies est apparue au japon. De plus en plus d’entreprises japonaises avaient des profits négatifs voire inexistants et ont été sauvegardées grâce aux banques afin d’éviter de devoir déprécier leur bilan. Nous retrouvons le même cas avec les entreprises sidérurgiques chinoises qui souffrent du même problème, et sont maintenues en vie par l’’Etat
Quels sont les risques sur l’économie saine ces entreprises ?
Si les taux d’intérêt remontés avec un fort retour de la croissance, ces entreprises feraient faillite. Alors les banques centrales maintiennent durablement leurs taux directeurs très bas, à la fois pour sauver ces entreprises (Vecteur de beaucoup d’emplois), mais aussi les États zombifiés. Selon une étude de la BRI dans 24 pays de l’OCDE, ce risque de zombies pourrait représenter 10% des sociétés cotées, mais peut-être 15% des sociétés non cotées.
Retenons un facteur systémique, c’est que ce type d’entreprises mettent les banques qui leur ont prêté dans une mauvaise posture. Les investisseurs qui ont des obligations ou des actions de ces entreprises zombies en portefeuille ont également du souci à se faire lorsque les taux d’intérêt remonteront peut-être un jour.
En réalité, dans notre paysage économique, il y a de nombreuses entreprises qui ne sont ni rentables ni condamnées à la liquidation ou au rachat. Ces entreprises « zombies » rodent dans le paysage des affaires mondial. Et elles représentent une très mauvaise nouvelle pour les économies. Certaines n’étaient pas encore zombies avant la pandémie de Covid-19 et avec toutes les difficultés rencontrées sont soit en train de devenir zombies, soit déjà zombifiées par cet accélérateur pandémique.
Les entreprises peu rentables ont occupé une place importante dans la “décennie perdue” du Japon dans les années 1990. Elles ont depuis gagné du terrain dans le reste du monde. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), qui regroupe plusieurs banques centrales, près d’une entreprise sur six cotées en bourse dans les pays riches pouvait être classée comme zombie à l’approche de la pandémie, contre environ une sur vingt dans les années 1980. Il s’agit d’entreprises qui ne génèrent pas suffisamment de revenus pour payer les intérêts de leurs emprunts pendant trois années consécutives et dont les valorisations sont faibles, ce qui laisse entrevoir des perspectives moribondes.
Le secret le moins bien gardé du monde des affaires est l’accroissement de la proportion d’entreprises zombies qui ont été maintenues en vie artificiellement et dissimulées durant la phase d’expansion du dernier cycle économique.
Maintenant que la pandémie de coronavirus a mis en évidence les lignes de fracture qui menacent les fondations du système économique, la zombification pourrait s’accélérer en raison de la combinaison toxique entre les injections de liquidités de la Réserve fédérale et les mesures de soutien budgétaire votées par le Congrès US.
Des pans entiers de nos économies perfusés, comme l’hôtellerie, la restauration, les transports (Aérien, croisières),les constructeurs d’avions, de véhicules, les usines d’acier, les activités en amont et en aval de la chaine de valeur pétrolière, etc…..
Des millions de travailleurs pourraient-ils perdre leur emploi en raison de la fragilité actuelle de l’économie ? Cela pourrait vous sembler contre-intuitif, mais il est à présent beaucoup plus facile pour ces entreprises d’être ressuscitées.
Mais ces entreprises moribondes et vacillantes ont un protecteur qui prend soin de fournir à ces morts-vivants la nourriture dont ils ont besoin (le cash): les banques centrales – et la Réserve fédérale en particulier.
C’est le marché tout entier qui bénéficie de cette politique désespérée de la Fed. Depuis le début de l’année 2020, les entreprises américaines ont emprunté au rythme le plus rapide de toute leur histoire, émettant plus de 1 trillion de $ de nouveaux titres obligataires selon Bank of America et Wells Fargo. Cela représente un quasi-doublement par rapport à la même période de 2019.
Alors oui, si nous n’étions pas dans économie administrée il y aurait de très très nombreuses faillites. Mais le marché n’est plus libre et en raison de la politique accommodante des taux bas imposée par la Fed, cela a peu de chances de se produire.
Nombre de ces entreprises bénéficient également du fait que certains de leurs créanciers ont accepté d’annuler ou d’alléger une partie des dettes qu’elles avaient accumulées préalablement. Certaines des plus grandes sociétés à travers le monde sont arrivées à conclure avec leurs créanciers des accords particulièrement intéressants. La très mauvaise nouvelle pour l’économie réelle, c’est que le capital est alloué de façon complètement inefficiente vers des entreprises pas productives.
Attention tout de même au moment un jour sûrement, la béquille de la dette sera enlevée, et à ce moment là le retour à la dure réalité fera encore plus de mal.
Espérons finalement, que ce soit le plus tard possible tant que les agents économiques croient encore un peu dans la valeur des monnaies et que le dollar joue encore pour quelques temps son rôle de valeur refuge. Même si sincèrement pour moi la partie est terminée, l’élastique est tiré au maximum. Je pense à une fin de partie début février 2021, comme je l’avais déjà publié dans mes prévisions du mois d’avril 2020, écrites en 2019.
Je crois fondamentalement à la capacité des hommes et des femmes à se réinventer et à produire mieux et plus sainement. Il faut simplement retirer les carcans des États et laisser les entrepreneurs gérer leurs affaires. Il y a des personnes formidables dans les entreprises, ne les empêchez pas de travailler, de s’épanouir et d’apporter de la valeur à l’HUMANITÉ !