Contraction économique en 2020 moins forte que redouté
TRIBUNE DE GENÈVE 12/10/2020
Selon le Seco, le PIB va reculer de 3,8% cette année. Si ce repli est le plus fort depuis 1975, il est moins marqué que le recul de 6,2% d’abord estimé.
L’économie suisse a résisté à la pandémie de coronavirus et devrait même pouvoir retrouver son niveau d’avant la crise à la fin de l’année prochaine, d’après le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). La dynamique de reprise devrait toutefois s’atténuer par la suite.
Le produit intérieur brut (PIB) suisse va reculer de 3,8% en 2020, soit le plus fort repli qu’a connu le pays depuis 1975, d’après les indications fournies par le Seco dans un communiqué lundi. Les nouvelles prévisions pour la Suisse sont bien meilleures que les perspectives établies en juin, qui laissaient augurer un recul à 6,2%.
A titre de comparaison, les Etats-Unis devraient afficher un PIB en retrait de 4,2% cette année tandis que celui de la zone euro doit plonger de -8,1%. La Chine pourrait tout juste sortir la tête de l’eau (+1,7%).
Le Seco table par ailleurs sur un taux de chômage annuel moyen de 3,2%, contre une prévision de 3,8% en juin dernier, correspondant tout de même à un ajout de 50’000 personnes au chômage par rapport à l’année dernière.
Une reprise solide…
Ce regain d’optimisme repose sur une reprise solide dès la fin du mois d’avril avec la fin des mesures de confinement mises en place par les autorités fédérales. D’après le Seco, le premier semestre 2020 a ainsi été marqué par un retour fort à la consommation et aux investissements, avec un recours limité au chômage partiel.
Mais cette embellie ne concerne pas tous les pans de l’économie. Le monde de l’hôtellerie et de la restauration a été très affecté, même si les restrictions aux voyages et donc la hausse du tourisme domestique ont permis de limiter les pertes. Ceux par contre qui sont dépendants du tourisme international ou des grandes manifestations, «ont connu une reprise moins forte», selon le Seco.
Par conséquent, «la reprise économique demeure limitée et la plupart des secteurs n’ont toujours pas renoué avec les chiffres de l’an passé», indique l’institution.
…mais qui ralentit en 2021
La reprise suisse devrait se poursuivre l’année prochaine, mais à un rythme plus lent. Le Secrétariat d’Etat à l’économie s’attend à ce que le PIB progresse de 4,2% en 2021 (3,8% en excluant la composante événements sportifs), fixant un retour au niveau d’avant la crise. Le marché de l’emploi, par contre, aura plus de mal à se rétablir du fait d’une croissance «très faible», indique l’institution.
D’une manière générale, la récession internationale et l’incertitude persistante pèseront sur l’économie helvétique l’année prochaine.
Difficile pour le Seco d’en dire plus, étant donné la myriade de scénarios potentiels. La découverte et la diffusion d’un vaccin pourraient par exemple augurer une reprise rapide, en Suisse comme ailleurs dans le monde. Un retour à des mesures de confinement, au contraire, assombrirait les perspectives de croissance, avec «la suppression d’emplois et la faillite d’entreprises en grand nombre».
Le Seco mentionne également l’appréciation du franc suisse, les conflits commerciaux internationaux et le risque d’une sévère correction dans l’immobilier comme les principales menaces pour la reprise helvétique.