You are currently viewing DÉFLATION UN MÛR SURMONTABLE ?
Deflation word on jigsaw puzzle, 3D rendering

DÉFLATION UN MÛR SURMONTABLE ?

DÉFLATION UN MÛR SURMONTABLE ?

DÉFLATION UN MÛR SURMONTABLE

Auteur David ROCHE Président de ROCHE GRUP

Publié le 26/09/2020

L’économie c’est la vie de tous les jours. Rien de compliqué à comprendre cela. Nous sommes individuellement tous des acteurs économiques ou des agents économiques, par nos décisions de consommation. Vivre, respirer et se nourrir nous incombent une consommation même minimaliste, puisque simplement boire, se loger, manger ont un coût.

En fonction des cycles économiques et des périodes dans lesquels nous sommes consommateurs, nous pouvons vivre et consommer avec plus ou moins de chance pour nos économies.

Nous allons nous poser la question de la déflation qui peut survenir à l’aube de 2021 et de savoir surtout comment elle va agir sur nos économies et sur les cycles de l’économie.

Commençons par la définition de la déflation :

Situation dans laquelle l’activité économique d’un pays est ralentie, caractérisée par une baisse des prix, des salaires, une réduction de la masse monétaire engendrant à leur tour une baisse de la demande, de la production, de l’emploi, etc.

En terme économique, la déflation est un phénomène de baisse générale des prix constatée sur une période suffisamment longue de plusieurs trimestres. Elle est la conséquence d’une demande globale qui ne suffit pas à absorber la quantité de biens et de services produits par les acteurs de l’économie.

Les périodes de déflation sont relativement peu fréquentes. L’inflation qui est le phénomène opposé est venue plus souvent bousculer les économies dans l’histoire économique mondiale. On ne doit pas confondre la déflation avec la désinflation,  qui est la baisse du taux d’inflation.

Les gouvernements par le passé tentent de prendre des mesures déflationnistes pour lutter contre l’inflation et le déséquilibre du commerce extérieur par la restriction de la demande et la réduction de la masse monétaire en circulation : encadrement du crédit, baisse des dépenses publiques, augmentation des impôts. Ce fut notamment le cas entre les années 1920-1930.

Pour les ménages, la déflation est une incitation à différer leur consommation et leurs investissements. Le piège déflationniste apparait souvent sous cette forme : plus le temps passe, plus la valeur de la monnaie augmente. La situation se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat des ménages , du moins dans un premier temps, s’il n’y a pas d’augmentation du chômage.

Pour les entreprises, la déflation est une période de baisse de leurs marges, car elles ne peuvent pas réduire leurs coûts aussi vite que la baisse de l’activité. Sauf pour les plus agiles ou dans le cas d’entreprises anti fragiles.

Pour l’économie en général la déflation est une période de ralentissement de l’activité et d’augmentation du chômage, avec le risque d’instauration d’un cercle vicieux de déflation (spirale déflationniste). Elle est pénalisante pour tous les agents économiques endettés (entreprises, Etats, particuliers) qui voient la valeur de leur dette, restée constante en valeur nominale, augmenter en valeur réelle par rapport à leur activité : chiffre d’affaires, PIB, pouvoir d’achat. La déflation peut être sectorielle quand elle affecte un secteur particulier de l’économie.

Exemples de périodes de déflation :

Fin du XIXe siècle, notamment à cause d’une croissance modérée de la masse monétaire et à d’importants progrès technologiques (électricité, transports…).

Grande dépression des années 1930 après le krach boursier de 1929 et la grave crise économique qui s’ensuivit.

Japon dans les années 1990 et 2000, après l’éclatement de la bulle spéculative de la bourse et de l’immobilier en 1991 et la proximité des pays émergents d’Asie qui ont fait baisser les coûts de production.

DÉFLATION UN MÛR SURMONTABLE

Les causes de la déflation :

Abordons en premier lieu, les causes profondes de la déflation. Elle est la conséquence d’un excès de l’offre de biens et de services sur la demande qui ne peut plus être corrigée par la baisse de l’inflation en raison de la contrainte de positivité des taux d’intérêt nominaux. Une hausse de l’épargne privée (liée au vieillissement démographique des pays occidentaux) et une baisse de l’investissement (liée à la désindustrialisation et l’accélération de la société de services). Rappelons que la déflation ne peut pas apparaître si le taux de change joue son rôle et si une dépréciation réelle stabilise la demande de biens et de services en réponse à un choc défavorable de demande.

Ensuite, sur les effets de la situation de la déflation sur les politiques économiques, il est dangereux et défavorable de réduire les déficits publics, d’accroître la productivité, d’augmenter l’épargne et de limiter la création monétaire.

Les taux d’intérêt négatifs conduisent normalement au recul de la demande (par les zinzins) d’investissements dans le secteur obligataire. Les épargnants se reportent vers les placements liquides et monétaires (dépôts bancaires) au détriment des obligations, ce qui conduit à l’intermédiation du financement des États (déficits publics) par les banques, comme on le voit depuis presque 20 ans au Japon.

L’anticipation du vieillissement futur conduit à une hausse importante du taux d’épargne privée dans le monde. La désindustrialisation encourage la baisse du besoin d’investissement du monde, parce que l’industrie est beaucoup plus capitalistique que les services. On observe ce mouvement de hausse de l’épargne privée et de baisse de l’investissement depuis la crise des subprimes de 2008.

En période de déflation, il est fondamental d’éviter de réduire les déficits publics. Puisqu’il y a insuffisance de la demande, il faut au contraire la soutenir (de manière équivalente, puisqu’il y a un excès d’épargne privée, il faut qu’il y ait désépargne publique).

Une hausse des gains de productivité est très mauvaise dans le cadre de la déflation. En effet, la hausse des gains de productivité fait baisser les coûts salariaux unitaires, augmente l’offre de biens et des services, qui sont déjà excédentaires. Ce qui a pour conséquence de réduire encore plus l’inflation, ce qui fait monter les taux d’intérêt réels et porte un coup fatal car augmente de facto la déflation.

L’Espagne a vécu ce problème en 2012, quand le redressement de sa productivité a fait fortement reculer les coûts salariaux unitaires et l’inflation.

 

 

 

 

Les conséquences de la déflation :

La déflation procure aux ménages un gain de pouvoir d’achat, puisque les prix des biens et des services s’orientent à la baisse. En théorie, cela est bon pour la consommation et donc pour l’activité économique et la croissance. Or, il n’en est rien, bien au contraire.

La déflation provoque en effet des réactions attentistes de la part des agents économiques qui se révèlent particulièrement néfastes pour l’économie.

Cette baisse régulière des prix incite les ménages à reporter leurs décisions d’achats dans l’attente de nouvelles chutes de prix (Cercle vicieux). La consommation globale baisse et contribue à faire gonfler les stocks des entreprises qui n’arrivent plus à écouler leurs productions. En réaction, et pour s’adapter les entreprises réduisent à leur tour leur production et leurs investissements. Ce qui entraîne la baisse des salaires, les embauches se raréfient et le chômage augmente. Les ménages s’appauvrissent. La Grèce connait parfaitement ce facteur de déflation depuis mars 2013.

La déflation provoque une dégradation de la situation financière des particuliers et institutionnels qui ont davantage recours à l’emprunt. Le coût réel de la dette augmente avec la baisse de l’indice général des prix car les remboursements des emprunts ne sont généralement pas indexés sur l’inflation. Ce qui réduit la capacité des entreprises à investir. Mais cela entraine aussi une forte réduction de leur capacité à consommer pour les ménages endettés, et le cercle vicieux et infernal s’accélère.

La BCE aura beaucoup de difficultés à la combattre, puisqu’elle se nourrit des anticipations auto-réalisatrices des agents économiques : tant que ceux-ci pensent que le phénomène de baisse des prix généralisée va se poursuivre, ils garderont toujours le même comportement attentiste qui est à l’origine de l’apparition de la déflation. L’objectif pour la BCE est d’agir préventivement afin d’éviter que l’économie ne tombe dans la déflation.

Qui a le plus à craindre d’une déflation ? Les ménages et les entreprises endettés. En effet leurs finances se détériorent, puisque lorsque les prix baissent, le poids des dettes lui s’alourdit car il est constant. Sur le premier trimestre 2011, le taux d’endettement des ménages français était de 79% du revenu brut disponible. Quant aux ménages américains 148%, les espagnols 124,5% ou les anglais 138,1%. L’Italie n’est qu’à 66%.

En période de déflation, tous les prix des actifs baissent. Pour les particuliers, il y a fort à parier qu’une déflation aura des conséquences négatives sur les prix de l’immobilier, souvent leur principal actif, mais aussi sur les actions qu’ils détiennent (Actions sur comptes titres, PERCO, PEE, Etc…). Précédemment le boom du marché immobilier, a encouragé de nombreux ménages à acheter. Ils se sont lourdement endettés pour leur résidence principale. Ils devront assumer le poids de leurs emprunts contractés lors des années d’euphories.  Ce stress, entrainera un accroissement des mises en ventes des biens. Cela alimentera un marché qui devra faire face à un afflux de biens et qui sera rapidement saturé (Hausse du nombre des biens en vente et peu d’acheteurs en face). Les particuliers peuvent être d’autant plus enclins à vendre qu’ils redoutent de voir la valeur de leur bien baisser drastiquement.

Les Etats vont beaucoup souffrir d’une arrivée de la déflation. En effet, au même titre que les particuliers ou les entreprises, la dette devient rapidement un frein. Les États devront faire face à des recettes qui baissent en raison de la chute de l’activité économique. Comme les ménages les Etats doivent assumer leurs emprunts. Les budgets (ligne de remboursement de la dette) augmenteront. Un scénario qui plombe les futurs investissements d’avenirs et les moyens dévolus à leurs activités régaliennes et surtout sociales. Résultat, Alors qu’une période d’inflation permet de réduire mécaniquement le poids du déficit dans nos comptes, avec la déflation, c’est exactement l’inverse qui se produit.

Les grands investisseurs vont quant à eux rechercher des liquidités et des placements qui leur permettront d’obtenir des fonds réguliers. Ils ne prêteront plus aux pays mal gérés qui seront englués dans une spirale infernale de dettes.

En période de déflation, les risques de défaillances d’entreprises se multiplient. Dans une économie saine, les entreprises s’endettent pour se développer. Mais avec une activité en baisse, leurs charges d’emprunts finissent par peser beaucoup plus lourd. Les entreprises devront payer autant qu’avant avec des recettes inférieures. Cela va causer la baisse des prix et de leurs ventes par une chute de la consommation. Il y aura de très nombreuses faillites et des licenciements massifs.

DÉFLATION UN MÛR SURMONTABLE

En conclusion quelques solutions existent :

Le principal remède pour contrer la déflation consiste en une baisse radicale des taux d’intérêt, pour regonfler artificiellement la masse monétaire. Problème important, nous sommes déjà dans nos économies européennes à des taux négatifs. Second facteur négatif, en période de déflation, il ne faut pas négliger la crainte qui pousse les entreprises et les ménages à préférer la monnaie aux actifs financiers, la liquidité aux placements. Ce qui veut dire en somme que baisser les taux ne sert plus à rien. Les banques mettront leur cash tous les jours en dépôts auprès de leurs banques centrales pour s’en servir de coffre-fort.

Il reste une dernière solution. L' »Helicopter monnaie ».

La banque centrale devra émettre autant de monnaie qu’elle désire pour financer directement les États qui à leur tour déverseront ce cash aux ménages et aux agents économiques. A l’image actuellement de ce que tente de faire l’administration américaine auprès des chômeurs pour que ces derniers conservent un sentiment de niveau de vie et puissent continuer de consommer. Cette pratique ouvertement inflationniste peut avoir comme revers de déprécier la monnaie.

Autre solution pour tenter de sortir de l’ornière de la déflation, restaurer sa compétitivité par rapport aux autres pays en dévaluant la monnaie (mais avec une monnaie commune, nos États européens sont bien peu enclins à en bénéficier).

Après un tour d’horizon assez large des solutions pour lutter contre la déflation, Il n’y a pas grand-chose à faire pour les particuliers, les États et les entreprises. Les prix sont orientés à la baisse pour la plupart des biens et des actifs. Un portefeuille boursier, l’immobilier et plus généralement son patrimoine perdront de leur valeur.

Une idée,  pour ne pas trop subir la déflation pourrait-être de conserver de l’argent en cash dans des banques à condition que les banques restent solvables (Risques de faillites). Même en cas de baisse des prix, l’argent liquide gagnera de la valeur. Un dernier moyen réside dans l’achat d’obligations d’Etat réputés (US States Bonds long term +25 Y). Avec une petite allocation sur les métaux précieux Or et Argent l’or sur replis car trop cher actuellement.