Dettes extérieures : un risque à ne pas négliger.
Dans l’Histoire contemporaine, on peut distinguer 4 sources aux crises économiques et financières. Il peut s’agir :
-D’une hausse des taux en réaction à l’inflation qui implique, dans un ralentissement structurel, la manifestation d’une crise (ex. en partie comme les crises de 1929 et 2008, crise de 1981, etc…).
-Crises en raison des flux de capitaux (ex. Japon en 1989, Asie en 1997…).
-Crise en raison d’un prix des actifs trop haut (ex. 2000, 2008).
-Et enfin le risque de crise des dettes publiques, de crise monétaire et de crise sociale. Les trois sont intimement liés et traduisent généralement le degré le plus critique qu’il puisse exister d’une crise.
La manifestation d’un de ces risques implique souvent la manifestation des risques suivants. Simplement car une crise n’est autre qu’un processus de contagion. Un processus de contagion dans lequel les contrats sociaux se retrouvent atteints. Où la stabilité laisse place à l’instabilité, de telle sorte que le manque de repères qui en découle implique le changement. La forte « volatilité économique » dans laquelle nous nous trouvons reste une menace dans le contexte actuel. Les dettes extérieures, et donc les flux de capitaux ainsi que les risques monétaires vont être à surveiller de près dans les prochaines dizaines de mois.
LA FACE CACHÉE DES DETTES EXTÉRIEURES
Un pays qui a besoin d’un financement étranger va contracter une dette envers celui-ci. La présence d’une devise différente est un facteur risque. Ces dernières décennies ont marqué une nette augmentation des dettes extérieures dans la quasi-totalité des plus grandes économies mondiales.
Actuellement, les dettes extérieures les plus élevées sont détenues par les États-Unis avec 20 260 milliards de dollars en 2019 d’après Global Finance. Suivi de la zone euro avec 16 723 Mds$. Un niveau élevé de dettes extérieures signifie un risque de trappe à liquidités interne, puis externe.
Dans l’immédiat, tant que les pays restent endettés entre eux, aucun problème ne survient. Chacun peut assurer à divers degré la solvabilité de l’autre. C’est la raison pour laquelle du Quantitative Easing sur un territoire implique du Quantitative Easing sur un autre. La baisse des taux qui en découle rend plus solvable à très court terme le débiteur local et oblige une autre Banque centrale à faire de même pour éviter de pénaliser la solvabilité interne (nécessité de maintenir une stabilité des changes). C’est un piège collectif !… La chaise musicale… Mais quand un pays commence à s’endetter lourdement à l’extérieur, et qu’un évènement interne survient, il peut se retrouver insolvable et provoquer une trappe à liquidités mondiale.
UN RISQUE MONÉTAIRE ÉLEVÉ
Les dettes extérieures vont être à surveiller de près jusqu’au moins en 2022 car le risque monétaire reste très élevé. Il semblerait que la période 2021/2022 traduise un assez fort risque monétaire, qui n’a pas été atteint depuis au moins 50 ans. Une rapide analyse cyclique tend à confirmer des premiers signes de tensions qui pourraient apparaître dès le début du printemps 2021. L’évolution des changes est donc à suivre de près. Par exemple, une trop forte baisse du dollar menace la solvabilité du trésor américain alors qu’une forte hausse de celui-ci impliquerait un risque d’insolvabilité sur les 12 trillions de dettes mondiales en dollar hors US (dont 3T$ pour la Chine). Bien que j’ai déjà développé le sujet, j’y reviendrais en détail dans mes prochaines publications en essayant de quantifier ce risque. J’insiste, taux de changes et dettes extérieures sont à surveiller de près !
Ainsi, le risque monétaire est à surveiller de près pour diverses raisons :
1/Les liquidités massives injectées par les Banques centrales ont fait drastiquement chuter la vélocité (« fuite en avant devant la monnaie »).
2/Le risque inflationniste dans certains pays (hausse des matières premières, chute de la productivité, etc…).
3/Le risque de croissance nulle pour certains pays avec le risque de crise des dettes qui en découlerait systématiquement (progression de la pandémie, maintien de déficits hautement structurels pour 2021 et 2022, continuité de la chute de l’investissement des entreprises, etc…).
Tous les pays ne ressortiront pas miraculeusement de la crise en seulement 18 ou 24 mois !
La morale de l’Histoire c’est que nous ne pouvons pas éviter un risque de crise. Le mieux que nous puissions faire c’est le reporter sur d’autres risques. Ces dernières années, au seul titre providentiel d’éviter des difficultés budgétaires à court terme, les Banques centrales ont amplifié le risque d’éclatement de bulle, le risque monétaire, et le risque de crise sociale (maintien d’un équilibre de désinflation, d’austérité salariale…). Vous l’aurez compris, ce report de risque n’est pas éternel. Plus nous approchons des limites structurelles de la croissance du niveau de vie, plus la probabilité de faire face à ces risques amplifiés augmente. C’est la manière dont fonctionnent toutes les sociétés.
Par Thomas Andrieu.
18 Septembre 2020, Auteur et rédacteur économique et financier à JDHÉditions, www.lesprosdeleco.com, www.boursikoter.com, www.cafedelabourse.com, www.thecointribune.com